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Le Blog de Derek Madox
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  • Dans ce blog, j'exposerai mes travaux en photographie, en graphisme, ou en montage vidéo. Je cherche des contrats dans ces disciplines. Ce blog est temporaire, en attendant la création d'un site web plus développé.
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26 février 2010

débat sur SHUTTER ISLAND (2010, Martin Scorsese)

J'aime bien me retrouver sur des forums de cinéma à m'obstiner avec des parisiens sur les dernières sorties cinéma de la semaine. 

Cette semaine, je me suis beaucoup bagarré à propos de Shutter Island, le dernier film de Scorsese que j'ai beaucoup aimé.  Et je me suis dit qu'au lieu de vous pondre une critique personnelle, il serait intéressant de poster ici le débat qui a eu lieu autour du film.  C'est plus intéressant de mettre en opposition deux visions du film.  Je vous fait un copier/coller du débat sous forme de question/réponse. 

ATTENTION SPOILERS.  Si vous n'avez pas vu le film, ne continuez pas plus loin.  Le texte dévoile des informations importantes sur le film et son récit. 

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shutter_island_trailer2_image4_grand_format

Shutter Island (2010, Martin Scorsese)

Débat entre Film Buff et Derek Madox

Film BuffRien que le pitch, même réduit à l'essentiel, m'avait donné la puce à l'oreille et au bout de 10 minutes de film, j'avais grillé le twist.

Et du coup tu passes les 2h16 suivantes à voir chaque pièce du puzzle venir confirmer de plus en plus ta théorie, et tu passes une séance globalement sans surprise.

Que des gens tombent encore dans le panneau, je peux le concevoir (j'attendais impatiemment la scène de la révélation du twist pour jauger les réactions dans la salle), mais pourquoi Scorsese vient signer cette série B...ça je me le demande encore.

He, libre à chacun de s'octroyer une petite récréation de temps en temps mais bon, je trouve pas que ça lui réussisse à Scorsese et je trouve que Shutter Island, sans être dénué de qualités, est son film le plus faible depuis Les Nerfs à vif, sa dernière récréation/série B/hommage à Hitchcock en date.

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Thématiquement, le fait de choisir une histoire située durant la Guerre Froide est plutôt pertinent pour Scorsese qui peut s'y donner à coeur joie dans le domaine de la parano. Et le principal intérêt du film réside dans cet aspect de l'intrigue, le côté film de peur (mise en scène pleine de tension dès le début avec ces plans d'arrivée sur l'île menaçante) et même film d'horreur (les flashbacks, les rêves et les visions).  Ces séquences-là se font plus inventives et formellement classes et sortent par intermittences le récit de son enquête balisée...

...malheureusement, le reste du temps, c'est bien plus banal. Et ça devient long. Bavard et long.  Surtout quand t'as capté la fin et qu'alors la scène d'explications te paraît des plus redondantes.

Je pense que le twist est aisément grillable pour quiconque écoute bien une phrase au bout de 10 minutes de film ou pour quiconque a vu certains films. Pour en citer quelques-uns qui me passent par la tête, au risque de les spoiler : Identity, Haute Tension, The Machinist...

Derek Madox : Mais c'est pas là l'intérêt du film de Scorsese. Je ne crois pas qu'il faut voir cet oeuvre comme un film à twist à la Shyamalan.

Film Buff : Oui mais l'enquête prend malheureusement trop de place...

Derek Madox : Oui, mais à la base, le personnage de DiCaprio est sur l'île pour ça. Si Scorsese n'avait pas passé tout ce temps sur l'enquête, la mèche aurait été trop bien vendu (enfin pour moi).  Et puis, ce qui est brillant, c'est que le twist arrive assez tôt, et on passe le dernier acte à se demander si c'est réel, si c'est la réalité. Même à la fin du générique, on reste avec des doutes.  Et c'est carrément puissant. On est dans la tête du personnage et on flippe comme lui. On ne veut pas l'accepter. C'est incroyablement terrifiant cette impression schizophrénique. Et Scorsese s'amuse avec ses pouvoirs d'illusionnistes à fond la caisse.

Film Buff : Non.  Je trouve pas justement, je trouve que ça reste trop rare dans le film. 

Derek MadoxDommage.  Peut-être que le processus d'identification au personnage ne s'est pas fait de ton côté.  Pour ma part, j'ai embarqué dans le personnage, et à la fin je ne veux tout simplement pas accepter ce qui lui arrive. J'ai des doutes sur la réalité de la chose. D'où cette impression schizophrénique super bien rendu. On rentre dans la folie du perso, même après le visionnement.  Moi, je compare un peu ce film à Total Recall de Paul Verhoeven, à la fin on se pose un peu la question "et si c'était vrai" ou "et si ce n'était qu'un rêve".  Et ça n'affaiblit pas le film au contraire.

Et puis, il faut arrêter de vouloir chercher la fin avant qu'elle arrive.  ;-)
 

Film Buff : J'ai rien cherché, elle est venue toute seule.

Derek Madox : Mais alors?  C'est pas plus grave.  On sait comment se termine Titanic. Ça n'en fait pas un film faible.

Film Buff :  Titanic ne s'appuie pas sur sa fin...ou au contraire, l'utilise comme métaphore...ici je trouve ça moins bien géré

Derek Madox : Shutter Island ne s'appuie pas sur la fin non plus.  Pourquoi tu penses que Scorsese nous montre, très tôt dans le film, les visions de Dicaprio si ce n'est pour nous faire douter de son état mental? Et c'est là toute la puissance du film. Scorsese nous présente le personnage comme un être secrètement tourmenté et malade dans un environnement où il pourrait se retrouver prisonnier, en proie aux vautours de la psychiatrie.  On se doute un peu de comment ça pourrait se terminer pour lui, et c'est ce qui rend le film si angoissant. On ne veut pas que le personnage soit un fou. Dès qu'on voit les apparitions de son ex épouse, on aime mieux croire qu'il s'agit d'un flashback plutôt qu'une apparition schizophrénique. C'est pourquoi l'enquête à son utilité. On s'accroche à elle pour garder un équilibre, voulant que ça débouche sur une réalité confortable. Mais les visions prennent le dessus tranquillement. Et même si on sent un peu l'issue de tout ça, c'est vachement angoissant. Il y a cette scène avec Patricia Clarkson dans la grotte qui vient nous rassurer un peu, nous encourageant à croire que la réalité ressemble à un coup monté, que le personnage n'est pas fou.  Le film deale avec deux réalités. Et c'est cette dualité (très bien assumé par Scorsese dès le début d'ailleurs) qui rend le film si réussi. Bref, ça n'aurait pas été aussi puissant si Scorsese nous avait fait le coup du film a punch où on ne voit rien venir. Ça n'aurait pas été aussi prenant s'il ne nous avait pas fait douter du personnage avant la fin.

Et au final, on ne sait pas vraiment quelle réalité l'a remportée. Le film ne donne pas de réponses. Tu sembles sûr de cette final que tu as vu venir à l'avance, mais où sont les preuves irréfutables que l'issue est celle que tu as cru voir? Le film passe une grande partie à évoquer la possibilité que peut-être le personnage a été piégé. Il était le seul Marshall qui avait déjà eu un lien avec l'hôpital, le seul qui aurait pu les traîner dans la boue en rendant public les atroces expériences qui s'y passent. Que ce soit vrai ou pas, le film démontre une chose, il est facile (venant d'un spectateur, ou d'un psychiatre) de faire d'une personne fragile quelqu'un de malade, du moment qu'elle cache en elle des traumas. Et cette impuissance du personnage vécu à la fin m'a rentré dedans carrément. On ne veut pas y croire. Et le personnage non plus. On le voit résigné à la toute fin, mais il évoque tout de même encore sa théorie du complot. Il ne veut pas être fou. Et en sortant du film, je voulais encore croire qu'il n'était pas fou. Mais le film ne donne pas de réponses. On sait seulement que le monde de la psychiatrie à pris le dessus, ce qui a pour effet de rendre ridicule la théorie de Dicaprio. Et tout dépendant de quel bord on s'est rangé, on se sent ridicule et honteux avec lui. Et c'est fort. C'est probablement une sensation très proche de celle que peuvent ressentir ces patients. 

Et puis, peu importe notre vision de la fin, il reste quand même une mise en scène du tonnerre.  Que les twists aient été grillés ou pas, ça n'empêche pas de passer du bon temps de savoir qu’on va claquer un jour!  De la même manière, on peut quand même se laisser porter un peu par le film, par sa manière brillante d'illusionner. 

Film Buff - Ça illusionne pas grand-chose. 

Derek Madox Mais, tant que la fin n'arrive pas, on ne peut jamais savoir à 100% comment ça se terminera.

Film Buff -  Parle pour toi.

Derek Madox - Ah oui? Tu peux savoir à 100%. Vraiment 100%. Sans aucun doutes?  C’est emmerdant. 

Film Buff - L'intelligence et le rationnel c'est pas emmerdant, non.

Derek Madox - Ça ne t'a pas aidé à apprécier le film en tout cas. Moi, j'ai trippé comme un fou. Je dois être un sacré moron. 

Finalement, je crois que le film divisera les spectateurs en deux groupes. Ceux qui se résignent à accepter cette finalité qu'ils veulent voir comme irréfutable, et ceux qui luttent contre elle et ne veulent pas l'accepter comme vérité. D'un côté les sophistes, de l'autre les sceptiques. Juste pour ça, c'est un grand film sur la perception.

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Film BuffC'est toi le fou.

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Derek Madox :  Et tant mieux. Comme ça je ne meurs pas d'ennui.

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Continue de t'accrocher à ton idée du film, et moi je vais continuer de douter. Je crois que la discussion ne peut pas aller plus loin.  Mais il est clair que les deux théories ont autant de poids. Prouve moi que c'est pas le cas.

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Akira (un nouveau foruméen dans le topic):  Chuck Aule/Dr Sheehan

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Derek Madox :  Ok, mais par qui il apprend cet information à la fin?  Il ne peut se fier à personne, sauf à lui-même. Et le Marshall Chuck Aule aurait pu être payé par l'hopital ou l'état depuis le début, pour illusionner Teddy. De même que la scène qui présente la mort de ses 3 enfants dans le lac et de la mort de sa femme n'est peut-être pas un souvenir du personnage, mais simplement une illustration de la théorie du psychiatre. On ne peut pas le savoir. Il n'y a rien de fiable à part Teddy... ou alors tout le monde est fiable sauf Teddy. Mais on ne peut savoir à 100% qui a raison il me semble. Et c'est ce qui rend le film si fort.

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Et puis, le fait qu'il a pu avaler certaines drogues n'est pas un élément à négliger. Et les hallucinations de la fin en sont peut-être le fruit.

Et qui nous dit qu'il se résigne à être un fou? Il n'est peut-être pas fou. Cette séquence à la fin où il est assis dans les marches, dans un état de béatitude, est peut-être le résultat d'une lobotomie.

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AkiraSauf que dès le début il y a des éléments qui sèment le doute comme la façon dont Teddy regarde Chuck sortir maladroitement son étuis de flingue de sa ceinture, qui fait directement référence au bouquin, dans lequel, d'ailleurs, il n'y a aucun doute quand à la folie de Teddy.

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Derek Madox:  Et ça explique quoi? Il ne faut pas oublier qu'on évoque aussi la possibilité que Chuck est un débutant.  Il aurait pu sortir son flingue maladroitement.  Donc, il n'y a pas uniquement la théorie "Teddy est un fou" de valable. L'autre l'est également.

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AkiraEt moi qui connaissait déjà la fin pour avoir lu le livre, j'ai vu immédiatement comment Scorsese intégrait la vérité de cette "révélation" dans sa mise en scène, c'est pour ça à mon avis que quelqu'un comme Buff a pu deviner la fin aussi aisément, parce que Scorsese ne triche pas trop avec elle. Si tu revois le film ça te fera peut-être le même effet d'ailleurs. Surtout qu'une lecture du film version Teddy avec les justifications que tu avances mais qui n'y sont pas énoncées (et à ce tarif là on peut carrément invoquer des extra-terrestres qui lui auraient brouillé la mémoire) me semble totalement tirée par les cheveux.

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Derek Madox :  T'exagères un peu. Il y a certains éléments clairement énoncé quand même. Cette prise de médicaments hallucinogènes qu'il aurait pu prendre. La référence à la lobotomie (s'il arrête de se battre à la fin, c'est peut-être suite à une lobotomie). Ce ne sont pas des éléments tirés par les cheveux. Rien à voir avec les extra-terrestres mec.

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AkiraPour moi il n'y a aucune ambiguïté, et c'est tant mieux, parce que le côté "en fait on sait pas", c'est vraiment toc...

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Derek MadoxEh ben pour moi c'est pas toc. C'est même tout l'intérêt du cinéma. Le 7e art, c'est quand même du mensonge 24 images/sec. Et c'est de notre devoir de questionner chaque image que l'on voit. Je ne crois pas que Scorsese aimerait que l'on avale son film sans se poser de question, sans douter. C'est quand même triste de s'en tenir qu'à une seule réalité, et de ne pas aller au-delà du premier degré.

Shutter Island est un grand film sur le doute. Et le fait qu'il y ait un débat est une preuve de sa complexité.

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Bon, on continue le débat entre nous?

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Commentaires
N
Il y a un détail très important à la fin du film, sur les marches, au moment où Andrew/Ted fait mine de reprendre son délire et que le psychiatre a fait un signe afin de mettre en route sa lobotomisation, on voit Di Caprio suivre du regard les outils dans la main de l'infirmier, et alors il lance sa phrase à Mark Ruffalo (mieux vaut il vivre en monstre ou mourir en homme bien?), et alors, sans qu'on lui ait demandé quoi que ce soit, il se lève pour aller vers l'infirmier qui a les outils (et le directeur ultra violent ainsi que le psychiatre allemand qui l'est tout autant) et va vers eux comme pour accepter son sort, mieux, l'avoir choisi. Là, son psychiatre lui lance alors "Ted?"<br /> <br /> On comprend donc que enfin le "jeu" a marché, Andrew sait pourquoi il est ici et sait qui il est, il décide alors d'en "finir", afin de ne plus "vivre" avec ce fardeau que sa maladie mentale avait réussie à écarter. Mais avant de partir, il fait comprendre à son psychiatre/partenaire que lui va "mourir" en tant que Ted (l'homme bien), mais eux, tous ceux qui travaillent dans cet asile et qui sont tous au courant des méthodes de ce directeur sadique et de son staff, sont condamnés à vivre en tant que monstres pour ce qu'ils font subir à ces malades.<br /> <br /> La seule ambiguïté du film est que l'on ne voit jamais les outils (ils sont cachés dans une serviette) ni aucun patient lobotomisé, mais finalement la discussion entre le directeur et Andrew dans la voiture nous renseigne beaucoup, et notamment cette phrase lancée par le directeur "la seule question est Est-ce que ma violence va l'emporter sur la votre?" qui peut être interprétée comme ceci: Andrew étant violent (le plus violent de l'asile d'ailleurs car formé pour en tant qu'ancien militaire et marshall), sa lobotomisation voulue par le directeur et programmée si le "jeu" échoue est une façon pour le directeur de faire que sa violence l'emporte sur celle d'Andrew (qui, lobotomisé, n'aura plus les moyens de l'être à nouveau).
M
Pour moi l'auteur révèle tout à la toute fin du film sur les marches. <br /> <br /> Le personnage incaré par Léonardo Dicrapio était malade car il n'encaissé pas le faite que sa femme est tué leur enfant... Il sait donc inventé une vie dans laquelles il n'as pas d'enfant etc. <br /> <br /> Et à la fin sur les marches, il fait mine d'être encore malade à son soidisant ami Chuck en disant que cette hôpital ne lui était bizzare... À ce moment on crois tous que le personnage principale est encore fous est que le traitement n'as aucun effet sur lui, et on commence avoir un homme avec un aiguille à la main. Cela montre que le patien incarné par Léonardo DiCaprio vas être lobotomisé... <br /> <br /> Mais ce qui vient contre dire la thèse celon laquelle le patien est encore malade, c'est la toute dernier phrase que prononce Léonardo DiCaprio à Chuck : " Préfère-tu vivre comme un monstre ou mourir comme un héros ? "<br /> <br /> Cela montre qu'il n'est plus fou est qu'il a accepté l'idée que sa femme ai tué leur enfant.<br /> <br /> En disant sa il montre qu'il ne veut pas la liberté, qu'il ne veut pas vivre avec cette idée en tête et sans leur présence. Il n'as plus aucun intérêt a vivre, avec l'image de lui même comme étant celle d'un monstre. Il a fais donc exprè de faire croire qu'il est encore fou pour que l'on mettent fin à sa vie.
C
J'ai adoré ce film, qui je trouve est très bien réalisé. Beaucoup de passages perturbants qui viennent déstabiliser le spectateur et le frustrent puisqu'il est difficile de démêler le vrai du faux. Pour ma part je crois dur comme fer à la théorie du complot , car il me semble que les hallucinations de T. peuvent s'expliquer par les cachets qui lui sont donnés "à son insu"... et toute forme de folie peut s'expliquer à mon sens.
T
On en oublie souvent les bases quand on se lance à chaud dans ce genre de réflexions, mais j'ai cherché la signification de "shutter" en anglais (http://www.wordreference.com/enfr/shutter), et on tombe sur "volet", "store" et "obturateur". Pour ce dernier mot voilà ce que dit wikipedia en français : http://fr.wikipedia.org/wiki/Obturateur ou wikipedia en anglais : http://en.wikipedia.org/wiki/Shutter_%28photography%29<br /> M'étonnerai pas que Scorsese ait sauté sur cette adaptation ciné pour jouer à fond l'ambivalence de ce mot plein de sens qui renvoie aussi au 7ème art. Ce qui pourrait expliquer tout ces jeux de montage ? Bah, je fais pas une thèse ou une fixation sur le film, mais c'est vrai qu'on peut le prendre au premier degré en se calant sur ce qu'on nous raconte et suivre le continuum de l'histoire, ou regarder sur les côtés pendant que le prestidigitateur Scorsese fait son numéro, pour se rendre compte que le continuum morfle bien tout au long du film, notamment par ces accumulations "d'erreurs", qui, volontaires ou pas de la part du réalisateur, donnent une bonne claque à toute tentative de recherche de "vérité", et laisse place à un profond sentiment de trouble, de dissimulation, de mystification, d'endroit où la lumière de la vérité ne peut pas avoir accès. N'oublions pas que le phare, symbole du secret de l'île, est éteint tout du long... ;-)<br /> Cette fois, je lâche l'affaire, sinon je vais me retrouver sur le même genre d'île :-)
T
Quelque chose que j'ai noté lors de mon premier visionnage, et qui s'est confirmé en regardant de plus près : Scorsese accumule les "erreurs" de montage entre les plans, très perceptibles dans les moments de rêve, mais également dans ce qui semble être la réalité durant tout le film. Le premier élément qui m'a fait tiquer c'est lors de l'interrogatoire de la patiente qui demande un verre d'eau ; le coéquipier lui donne un verre, elle porte la main à la bouche comme si elle buvait mais n'a pas de verre dans la main (plan à 36:17)... et pose un verre sur la table qui fait un bruyant "cloc". C'est subliminal, mais l'effet donne au final une sensation très bizarre. Bien vu aussi l'histoire du phare : un coup vers le haut, voire très haut, un coup en contre bas, un coup loin, mais surtout, visionnez soigneusement le plan à 15:55 : on se retrouve en présence d'un phare à double clôture électrique, alors qu'à la fin il n'y en a qu'une, et si vous regardez de plus près, la barrière qui se trouve le plus près de nous est dupliquée de façon grossière à la palette graphique (la barrière finie bizarrement dans le rocher, et comme si ça suffisait pas, est identique, rocher compris, à celle qui suit). Là aussi l'effet est subliminal, mais suffisamment pour donner une impression d'inaccessible. D'autres éléments "pas raccord" entre les plans s'accumulent tout au long du film (j'ai pas tout relevé), comme entre les deux plans situés entre 1:16:48 et 1:16:54 : premier plan, le coéquipier porte la main à sa poche où se trouve le papier qu'il va sortir et attrape la manche de Teddy, second plan c'est Teddy qui attrape son coéquipier par la manche avant que celui-ci porte sa main à sa poche où se trouve le papier qu'il va sortir. Il semble improbable qu'autant d'éléments soient laissés au hasard, ou alors Scorsese est un piètre réalisateur et monteur, et même si certains peuvent le penser, il paraît impensable que pour le gros plan sur la patiente interrogées, ils n'aient pas eu les moyens de mettre un verre dans la main de l'actrice... Et surtout, il ne paraît bizarre à personne qu'une tornade digne du déluge (donc beaucoup, beaucoup d'eau, la phobie de Teddy...) s'abatte sur l'ensemble de l'île, ravage tout, et qu'on finisse sur un plan où le parc est super clean comme si rien ne s'était passé ?<br /> Pour moi toute les théories sont bonnes, car de toute façon elles peuvent être invalidées par d'autres, vu que de toute façon au vu de ces éléments, on peut douter de ce qui semble être la réalité durant le film. Qui peut affirmer finalement que ça fait pas des mois que Teddy se fait laver le cerveau à plusieurs reprises et qu'on fait juste un voyage de 2h durant l'ultime séance qui le fera plier ? Pour moi, on peut prendre pour argent comptant que Teddy cache la vérité en inventant l'histoire de la mort de son épouse dans l'incendie, mais en suivant l'idée du bad trip depuis les premières minutes du film, on peut aussi imaginer que les psychiatres arrivent enfin à remplacer cette véritable histoire par le scénario des enfants noyés. Je pense qu'un visionnage attentif ne permet pas de donner de réponse, car Scorsese est un malin, et nous rappelle par cette adaptation que le cinéma ne montre pas la réalité, mais est un laboratoire à l'échelle planétaire pour toucher les gens, pour leur triturer les tripes et les méninges et qu'en tant que réalisateur il en est le subtil maître du jeu (à l'image des psychiatres du film) car il peut se permettre d'user de tous les artifices (narratifs et techniques) en multipliant les pistes et les indices comme d'autres ont jadis multipliés les pains.<br /> Bref, j'ai adoré ce film, et merci d'avoir ouvert cette discussion, car j'ai de suite sauté sur mon navigateur Internet pour lire les divers points de vue au sujet de ce scénario ce qui m'a permis de ne pas rester sur ma "faim" (je dois plutôt dire de sensation bizarre), et de pousser ma réflexion. Ou alors j'hallucine complet, et l'équipe de Scorsese est vraiment à la ramasse niveau montage et effets spéciaux :-)))) Rhaaa, le dilemme continue ! ;-)
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